Pearl of Pearl Island, John Oxenham [recommended reading txt] 📗
- Author: John Oxenham
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Book online «Pearl of Pearl Island, John Oxenham [recommended reading txt] 📗». Author John Oxenham
Tandis que nous étions cheminant pour cet objet, nous entendîmes le voiturin qui nous criait: «Arrêtez, arrêtez, voici les voyageurs; ils sont dans cette voiture qui va lentement; ils viennent d'être dévalisés par des brigands.» Nous vîmes à l'instant descendre de voiture, dans notre hôtel, trois robustes athlètes, l'un était un officier des gardes d'honneur du Roi, les autres, deux gardes urbains dans leur domicile d'Otrante et de Bitonto; voici ce qui leur était arrivé: Après la descente de Monteforte, où nous étions passés huit heures avant, les voyageurs, à demi-endormis, furent tout-à-coup tirés de leur somnolence par le mouvement que fit la voiture pour s'arrêter: à l'instant, un Monsieur bien costumé ouvre la portière et invite les voyageurs à descendre, leur présentant la main pour éviter tout accident; les voyageurs, en se frottant les yeux, croient quelque chose de cassé dans le carrosse; ils descendent et se voient à l'instant couchés en joue par douze brigands du pays, armés de fusils, de haches, de pistolets, leur imposant d'obéir à la force. Que faire dans cette position, toute résistance était inutile ou mortelle. Le voiturin, spectateur indifférent, se tenait les bras croisés sur ses chevaux. Dans une malencontre si épineuse, l'officier du roi de Naples ne perdit pas la carte; il vida sa bourse pleine de pièces d'or, dans la main, et les glissa dans la portière de la voiture, près les vitres; les brigands s'en aperçurent sans savoir comment les retirer, se réservant de défoncer le panneau à coups de hache; ils commencèrent par faire l'inspection minutieuse des voyageurs, de la voiture, des malles et des valises; après avoir consommé un ample butin de marchandises et d'argent, entendant le bruit de voitures qui approchaient, ils commandèrent aux voyageurs de se mettre à genoux, pour ne pas observer leur fuite. Les voyageurs volés firent une déclaration à la justice qui, immédiatement, ordonna des poursuites. Quinze jours après, nous avons appris que huit de ces brigands avaient été arrêtés. Il y a déjà près de dix ans, qu'aucune levée de boucliers n'avait été tentée par des malfaiteurs, sur les belles routes de la Pouille.
Nous continuons de cheminer avec nos nouveaux voyageurs et des gendarmes comme escorte, que nous payions à frais communs pour notre sûreté, ce qui nous était très-utile à nous, pauvres étrangers, qui aurions été fort embarrassés pour nous remettre en fonds, en cas de malheur.
Le pays continue à être des plus jolis; nous couchons à Grotta. Dans notre chambre, il y avait une boulangerie et de petites souris qui voulaient dormir avec nous; malgré cela, nous nous amusâmes beaucoup de l'amabilité des Signorelle nos hôtesses. Nous admirâmes et nous palpâmes leurs jolis colliers de corail qui faisaient l'ornement de leur cou, parce qu'elles étaient encore célibataires; l'ecclésiastique et nos compagnons de route étant très-gais, nous passâmes joyeusement le temps.
Nous sommes distraits par les plus beaux accidents de terrains, mais la prudence exige d'être accompagné par la force armée. Il ponte di Bovino a acquis une certaine célébrité: des voleurs, qui s'étaient depuis longtemps distingués dans leur profession, furent pris; on leur coupa la tête et les mains, qu'on mit dans une cage, comme nous en avons vu à Naples, et qu'on exposa sur ce pont. Près de Bovino, il y a un harras de chevaux normands qu'on cherche à propager. Les montagnes, dans ces contrées, ressemblent à des nuages qui se succèdent, ou aux flots de la mer que le soleil teint des plus brillantes couleurs du prisme; jamais nous n'avons rien vu de si merveilleux. Les maisons forment un effet très-pittoresque, elles sont groupées sur le sommet des montagnes; la culture est si intéressante, qu'elle fait produire le centuple à cette terre promise: le froment, les oliviers y sont très-abondants; de nombreux troupeaux paissent dans la campagne; les haies sont remplies d'aloës. Dans les contrées que nous avons vues, les orangers nous ont paru les peupliers d'Italie.
Pour donner du repos à nos chevaux, nous faisons halte à la taverna del Giardino, espèce d'Arche de Noë; nous suivons nos coursiers dans cette humble hôtellerie; là tous les rangs sont réunis et confondus, prélats, prêtres, maîtres, domestiques, tables d'hôtes, râtelier, fourrages, gendarmes, cavalerie, jusqu'à des porcs qui circulent dans ce lieu public; nous avons promené dans les riches plaines du voisinage. La table d'hôte n'étant pas trop attrayante, nous mangions du pain et des oranges du Mont-Gargano, du prix de deux sous la douzaine, les plus grosses, ce qui nous creusait l'estomac et augmentait notre appétit au lieu de le diminuer. Dans cette excursion, nous faisions une récolte de noix de Galles, d'asperges sauvages, pour en faire une salade très-estimée des Italiens, admirant en même temps les beaux troupeaux de vaches qui prennent la fuite à notre approche, et qui nous refusent leur lait.
Les caroubiers, à la verdure éclatante, se mêlent à des groupes de pâles oliviers et d'aloës bleuâtres.
Foggia est une charmante ville de province, ses édifices sont bien bâtis; sa population approche de trente mille âmes; l'air n'y est pas sain. Il est rare de voir un plus joli jardin public; il y a des statues de grandeur naturelle qui imitent des ermites à s'y tromper. Nous sommes allés au théâtre; on y jouait une comédie toute sentimentale, que la foule applaudissait beaucoup, et que nous trouvions fort médiocre; au reste, la musique nous a fait infiniment de plaisir. Foggia est entourée de plaines aussi belles que la Beauce, et très-bien cultivées; la route continue d'être déserte, mais toujours fort curieuse jusqu'à Barlette.
C'est dans cette ville, l'ancienne Canne, si célèbre par la victoire d'Annibal sur les Romains, que se trouve la statue colossale en bronze d'Héraclius: un navire, qui l'apportait d'Athènes, ayant fait naufrage sur ces plages, on l'a retirée des ondes et on en a orné Barlette. La rade était très-agitée; la mer se brisait avec furie contre les roches, et il n'y avait pas de navires en partance. Nous nous déterminâmes à parcourir le littoral de l'Adriatique. Sur la route, nous trouvâmes des villes charmantes, entr'autres Trani, Molfette, Giovenazzo; la campagne est partout embellie de la plus riche culture; c'est le paradis terrestre de l'Italie: le grain, les oliviers, le mûrier, même multicaule, le caroubier se déployant comme un parasol, les vignes, tout y abonde. Les Turcs, les Maures, les Sarrasins ont mille fois porté le fer et le feu dans ces contrées.
En continuant de côtoyer la mer, nous arrivons à Bari, la seconde ville du royaume de Naples; sur le bord de la mer, comme la ville métropolitaine, elle a la forme d'un croissant: sa cathédrale, l'antique église de Saint-Nicolas, est extrêmement remarquable, et peut-être la seule renfermant des monuments égyptiens: deux boeufs apis soutiennent ses colonnes; il existe un tombeau de Charles d'Anjou, avec des statues très-indécentes; la cloche de cette cathédrale est immense; il y a en outre sous ce duomo, une église souterraine dont nous parlerons en traitant du pélérinage de Saint-Nicolas. On aperçoit de Bari l'Apennin Monte Angelo, si élevé et si effroyable; Saint Michel, suivant les relations du pays, y a fait une apparition. Quinze gendarmes, naguères, en voulant se frayer une route dans ces montagnes inhabitées, pour aller chercher, ou les Abbruzzes ou la Banlieue d'Ancône, tous dans ces Apennins redoutables sont devenus la proie des bêtes féroces, et n'ont laissé que leurs bottes et quelques vestiges de leurs désastres.
Les montagnes, en général, sont plus élevées dans l'intérieur du pays, que sur le bord de la mer. Les villes de l'Adriatique, à l'instar de celles de Naples, sont pavées de larges pierres.
Cet ecclésiastique, notre compagnon de voyage, padre Vita, professeur dans un collége de Naples, avec qui nous avions formé des liaisons si agréables par son esprit, son érudition, sa vraie piété pleine de tolérance et de savoir vivre, qui se prêtait aux circonstances d'une manière aimable, allait nous quitter; c'était une véritable affliction pour nous; ce moment fut triste. Nous fûmes pris au coeur de ce profond sentiment d'isolement qu'on éprouve dans un pays étranger. Mais tout finit en ce monde, même les meilleures choses. Avant de se séparer de nous, il nous donna une véritable marque d'attachement; il voulut nous recommander à un seigneur de ses amis: nous nous rendîmes donc sur les dix heures du matin dans le palais de ce patricien. Il se fait annoncer par un laquais: aussitôt ordre de nous faire entrer. Après avoir traversé plusieurs belles salles pleines de richesses, nous arrivons à la chambre à coucher; nous sommes extrêmement surpris d'être reçus par le seigneur et la signora, qui reposaient encore sur la couche nuptiale; étrangers à ces usages qui appartiennent au voisinage de la Turquie, je fus obligé de me faire violence pour ne pas perdre le sérieux; la signora laissait onduler ses cheveux; l'un et l'autre, comme l'aube matinale, étaient sans parure et sans ornement. À l'instant, de charmants enfants nous abordent et, par civilité, viennent respectueusement nous embrasser les mains. Le seigneur ordonna aussitôt à son laquais de nous servir le café au noir, que nous acceptâmes par urbanité. Il nous offrit une chambre dans son palais, et reprocha à l'ecclésiastique de ne nous avoir pas amenés chez lui à notre arrivée. Nous n'avons nulle part accepté des invitations aussi gracieuses qui nous auraient entravé et fait perdre la liberté pour visiter les curiosités du pays.
L'importante Bari n'avait, dans ce moment, aucun navire prêt à partir pour Vénise, Ancône, ou Trieste; obligés d'attendre une quinzaine, nous nous décidons à visiter le pays, but de notre voyage.
Nous ne connaissons rien de plus poétique qu'une promenade nocturne, sous le beau ciel de Tarente. Un immense horizon, de lointains paysages, le monde des invisibles se découvrant à nous, nous nous plongions avec ivresse dans l'infini des souvenirs. Le mugissement de la mer, la lourde cloche de la cathédrale, retentissant sourdement sous les pas du temps, nous annonça que l'heure était avancée. Nous nous dirigeâmes vers notre hôtel; tout annonçait déjà le repos, et ce silence n'était troublé que par les derniers soupirs d'une guitare dont la voix expirait au loin, et le chant monotone et tendre d'une mère qui endormait son nouveau-né.
Les campaniles de la terre d'Otrante ont des formes pittoresques, à la physionomie orientale: les uns sont de pierres blanches, les autres, en faïence peinte, offrent l'aspect de minarets; des croix brillent sur les faîtes.
De retour à Bari, nous mangeons d'aussi bonnes glaces qu'en France; nous nous délectons de la fameuse liqueur stomatico. À la locanda del Sole, nous étions aussi bien que des Français peuvent le désirer dans ces contrées; je ne conseillerai jamais d'y venir sans savoir la langue; il est si rare de trouver des personnes qui parlent français, notre consul même l'ignore. Ils étaient étonnés que nous eussions entrepris un si long voyage et moltissimo pericoloso. La cuisine est meilleure que dans la Pouille, ancienne dépendance du Roi Apulius, où on nous donnait, comme mets délicieux, des cervelles de chèvre frites, des mamelons de vache en ragoût; il est vrai que le fenouil et le macaroni, long de plusieurs coudées, étaient, comme dans toute l'Italie, le grand régal, l'alpha et l'omega des trattories italiennes, avec l'agneau bêlant et d'un jour; pour dessert, abondance de laitues, de fèves et de pois en gousses qui fondent dans la bouche des Italiens; la même serviette sert à tout le monde, pendant huit jours; on retourne les verres, au lieu de les rincer. Aussi, pour manger ce démesuré macaroni, gros en proportion, a-t-on des tables très-hautes, de manière que le menton est dans l'assiette comme dans un plat à barbe; autrement, le macaroni serpenterait autour de la bouche, semblable à des vers et à des ascarides.
Un artiste de Paris enseignait depuis peu de temps la peinture, en quinze leçons, par le moyen de décalcage et de découpures; il avait gagné, dans quelques semaines, quatre à cinq mille piastres; mais il faisait bien d'imiter les oiseaux de passage, il aurait échoué dans un long séjour.
Nous avons passé des soirées philharmoniques très-agréables; les Italiens chantent avec beaucoup de passion. Nous avons encore assisté à des scènes de prestidigitation et d'enchantements modernes; ils font sauter la coupe et filer la carte avec dextérité; ils nous ont prié de donner un échantillon de la magie française; mais nous n'avons pu répondre à leurs désirs; ils n'usent que de cartes espagnoles avec lesquelles nous ne sommes pas familiers. Ils excellent, en outre, dans l'équitation. Dans le jeu de l'escrime, ils se croient de première force; la main gauche ne leur sert point de balancier, comme chez les Français; ils l'approchent de la poitrine, pour les aider à parer les attaques et les ripostes. Nous avons applaudi à leurs comédies bourgeoises et à de jolies pantomimes.
Dans ces lieux, prospère très-bien le coton; nous en avons vu de vastes plantations se développer au loin comme un tapis
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