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Book online «Autour de la Lune, Jules Verne [ebook reader for comics txt] 📗». Author Jules Verne



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*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK AUTOUR DE LA LUNE *** Produced by John Walker, http://www.fourmilab.ch/ HTML version by Chuck Greif AUTOUR DE LA LUNE

par Jules Verne CHAPITRE PR�LIMINAIRE, I, II, III, IV, V, VI, VII VIII, IX, X, XI, XII, XIII, XIV, XV XVI, XVII, XVIII, XIX, XX, XXI, XXII, XXIII Dictionnaire des mots peu communs utilis�s dans le texte. lieue Ancienne mesure de distance (environ 4 km). ligne Ancienne mesure de longeur valant, douzi�me partie du pouce, 2.1167 mm. londr�s Cigare de la Havane, fabriqu� � l'origine pour les Anglais. milles Mesure de longeur am�ricaine, 5280 pieds, 1609 m�tres, pied Mesure de longeur am�ricaine, 0.3248 m�tre, pouce Mesure de longeur am�ricaine, 2.54 cm, douzi�me partie du pied. toise Ancienne mesure de longeur valant 6 pieds (environ 2 m�tres). CHAPITRE PR�LIMINAIRE

Qui r�sume la premi�re partie de cet ouvrage, pour servir de pr�face a la seconde

Pendant le cours de l'ann�e 186., le monde entier fut singuli�rement �mu par une tentative scientifique sans pr�c�dents dans les annales de la science. Les membres du Gun-Club, cercle d'artilleurs fond� � Baltimore apr�s la guerre d'Am�rique, avaient eu l'id�e de se mettre en communication avec la Lune—oui, avec la Lune—, en lui envoyant un boulet. Leur pr�sident Barbicane, le promoteur de l'entreprise, ayant consult� � ce sujet les astronomes de l'Observatoire de Cambridge, prit toutes les mesures n�cessaires au succ�s de cette extraordinaire entreprise, d�clar�e r�alisable par la majorit� des gens comp�tents. Apr�s avoir provoqu� une souscription publique qui produisit pr�s de trente millions de francs, il commen�a ses gigantesques travaux.

Suivant la note r�dig�e par les membres de l'Observatoire, le canon destin� � lancer le projectile devait �tre �tabli dans un pays situ� entre 0 et 28 degr�s de latitude nord ou sud, afin de viser la Lune au z�nith. Le boulet devait �tre anim� d'une vitesse initiale de douze mille yards � la seconde. Lanc� le 1er d�cembre, � onze heures moins treize minutes et vingt secondes du soir, il devait rencontrer la Lune quatre jours apr�s son d�part, le 5 d�cembre, � minuit pr�cis, � l'instant m�me o� elle se trouverait dans son p�rig�e, c'est-�-dire � sa distance la plus rapproch�e de la Terre, soit exactement quatre-vingt-six mille quatre cent dix lieues.

Les principaux membres du Gun-Club, le pr�sident Barbicane, le major Elphiston, le secr�taire J.-T. Maston et autres savants tinrent plusieurs s�ances dans lesquelles furent discut�es la forme et la composition du boulet, la disposition et la nature du canon, la qualit� et la quantit� de la poudre � employer. Il fut d�cid�: 1� que le projectile serait un obus en aluminium d'un diam�tre de cent huit pouces et d'une �paisseur de douze pouces � ses parois, qui p�serait dix-neuf mille deux cent cinquante livres; 2� que le canon serait une Columbiad en fonte de fer longue de neuf cents pieds, qui serait coul�e directement dans le sol; 3� que la charge emploierait quatre cent mille livres de fulmi-coton qui, d�veloppant six milliards de litres de gaz sous le projectile, l'emporteraient facilement vers l'astre des nuits.

Ces questions r�solues, le pr�sident Barbicane, aid� de l'ing�nieur Murchison, fit choix d'un emplacement situ� dans la Floride par 27� 7' de latitude nord et 5� 7' de longitude ouest. Ce fut en cet endroit, qu'apr�s des travaux merveilleux, la Columbiad fut coul�e avec un plein succ�s.

Les choses en �taient l�, quand survint un incident qui centupla l'int�r�t attach� � cette grande entreprise.

Un Fran�ais, un Parisien fantaisiste, un artiste aussi spirituel qu'audacieux, demanda � s'enfermer dans un boulet afin d'atteindre la Lune et d'op�rer une reconnaissance du satellite terrestre. Cet intr�pide aventurier se nommait Michel Ardan. Il arriva en Am�rique, fut re�u avec enthousiasme, tint des meetings, se vit porter en triomphe, r�concilia le pr�sident Barbicane avec son mortel ennemi le capitaine Nicholl et, comme gage de r�conciliation, il les d�cida � s'embarquer avec lui dans le projectile.

La proposition fut accept�e. On modifia la forme du boulet. Il devint cylindro-conique. On garnit cette esp�ce de wagon a�rien de ressorts puissants et de cloisons brisantes qui devaient amortir le contrecoup du d�part. On le pourvut de vivres pour un an, d'eau pour quelques mois, de gaz pour quelques jours. Un appareil automatique fabriquait et fournissait l'air n�cessaire � la respiration des trois voyageurs. En m�me temps, le Gun-Club faisait construire sur l'un des plus hauts sommets des montagnes Rocheuses un gigantesque t�lescope qui permettrait de suivre le projectile pendant son trajet � travers l'espace. Tout �tait pr�t.

Le 30 novembre, � l'heure fix�e, au milieu d'un concours extraordinaire de spectateurs, le d�part eut lieu et pour la premi�re fois, trois �tres humains, quittant le globe terrestre, s'�lanc�rent vers les espaces interplan�taires avec la presque certitude d'arriver � leur but. Ces audacieux voyageurs, Michel Ardan, le pr�sident Barbicane et le capitaine Nicholl, devaient effectuer leur trajet en quatre-vingt dix-sept heures treize minutes et vingt secondes . Cons�quemment, leur arriv�e � la surface du disque lunaire ne pouvait avoir lieu que le 5 d�cembre, � minuit, au moment pr�cis o� la Lune serait pleine, et non le 4, ainsi que l'avaient annonc� quelques journaux mal inform�s.

Mais, circonstance inattendue, la d�tonation produite par la Columbiad eut pour effet imm�diat de troubler l'atmosph�re terrestre en y accumulant une �norme quantit� de vapeurs. Ph�nom�ne qui excita l'indignation g�n�rale, car la Lune fut voil�e pendant plusieurs nuits aux yeux de ses contemplateurs.

Le digne J.-T. Maston, le plus vaillant ami des trois voyageurs, partit pour les montagnes Rocheuses, en compagnie de l'honorable J. Belfast, directeur de l'Observatoire de Cambridge, et il gagna la station de Long's-Peak, o� se dressait le t�lescope qui rapprochait la Lune � deux lieues. L'honorable secr�taire du Gun-Club voulait observer lui-m�me le v�hicule de ses audacieux amis.

L'accumulation des nuages dans l'atmosph�re emp�cha toute observation pendant les 5, 6, 7, 8, 9 et 10 d�cembre. On crut m�me que l'observation devrait �tre remise au 3 janvier de l'ann�e suivante, car la Lune, entrant dans son dernier quartier le 11, ne pr�senterait plus alors qu'une portion d�croissante de son disque, insuffisante pour permettre d'y suivre la trace du projectile.

Mais enfin, � la satisfaction g�n�rale, une forte temp�te nettoya l'atmosph�re dans la nuit du 11 au 12 d�cembre, et la Lune, � demi �clair�e, se d�coupa nettement sur le fond noir du ciel.

Cette nuit m�me, un t�l�gramme �tait envoy� de la station de Long's-Peak par J.-T. Maston et Belfast � MM. les membres du bureau de l'Observatoire de Cambridge.

Or, qu'annon�ait ce t�l�gramme?

Il annon�ait: que le 11 d�cembre, � huit heures quarante-sept du soir, le projectile lanc� par la Columbiad de Stone's-Hill avait �t� aper�u par MM. Belfast et J.-T. Maston,—que le boulet, d�vi� pour une cause ignor�e, n'avait point atteint son but, mais qu'il en �tait pass� assez pr�s pour �tre retenu par l'attraction lunaire,—que son mouvement rectiligne s'�tait chang� en un mouvement circulaire, et qu'alors, entra�n� suivant un orbe elliptique autour de l'astre des nuits, il en �tait devenu le satellite.

Le t�l�gramme ajoutait que les �l�ments de ce nouvel astre n'avaient pu �tre encore calcul�s;—et en effet, trois observations prenant l'astre dans trois positions diff�rentes, sont n�cessaires pour d�terminer ces �l�ments. Puis, il indiquait que la distance s�parant le projectile de la surface lunaire �pouvait� �tre �valu�e � deux mille huit cent trente-trois milles environ, soit quatre mille cinq cents lieues.

Il terminait enfin en �mettant cette double hypoth�se: Ou l'attraction de la Lune finirait par l'emporter, et les voyageurs atteindraient leur but; ou le projectile, maintenu dans un orbe immutable, graviterait autour du disque lunaire jusqu'� la fin des si�cles.

Dans ces diverses alternatives, quel serait le sort des voyageurs? Ils avaient des vivres pour quelque temps, c'est vrai. Mais en supposant m�me le succ�s de leur t�m�raire entreprise, comment reviendraient-ils? Pourraient-ils jamais revenir? Aurait-on de leurs nouvelles? Ces questions, d�battues par les plumes les plus savantes du temps, passionn�rent le public.

Il convient de faire ici une remarque qui doit �tre m�dit�e par les observateurs trop press�s. Lorsqu'un savant annonce au public une d�couverte purement sp�culative, il ne saurait agir avec assez de prudence. Personne n'est forc� de d�couvrir ni une plan�te, ni une com�te, ni un satellite, et qui se trompe en pareil cas, s'expose justement aux quolibets de la foule. Donc, mieux vaut attendre, et c'est ce qu'aurait d� faire l'impatient J.-T. Maston, avant de lancer � travers le monde ce t�l�gramme qui, suivant lui, disait le dernier mot de cette entreprise.

En effet, ce t�l�gramme contenait des erreurs de deux sortes, ainsi que cela fut v�rifi� plus tard: 1� Erreurs d'observation, en ce qui concernait la distance du projectile � la surface de la Lune, car, � la date du 11 d�cembre, il �tait impossible de l'apercevoir, et ce que J.-T. Maston avait vu ou cru voir, ne pouvait �tre le boulet de la Columbiad. 2� Erreurs de th�orie sur le sort r�serv� audit projectile, car en faire un satellite de la Lune, c'�tait se mettre en contradiction absolue avec les lois de la m�canique rationnelle.

Une seule hypoth�se des observateurs de Long's-Peak pouvait se r�aliser, celle qui pr�voyait le cas o� les voyageurs—s'ils existaient encore—, combineraient leurs efforts avec l'attraction lunaire de mani�re � atteindre la surface du disque.

Or, ces hommes, aussi intelligents que hardis, avaient surv�cu au terrible contrecoup du d�part, et c'est leur voyage dans le boulet-wagon qui va �tre racont� jusque dans ses plus dramatiques comme dans ses plus singuliers d�tails. Ce r�cit d�truira beaucoup d'illusions et de pr�visions; mais il donnera une juste id�e des p�rip�ties r�serv�es � une pareille entreprise, et il mettra en relief les instincts scientifiques de Barbicane, les ressources de l'industrieux Nicholl et l'humoristique audace de Michel Ardan.

En outre, il prouvera que leur digne ami, J.-T. Maston, perdait son temps, lorsque, pench� sur le gigantesque t�lescope, il observait la marche de la Lune � travers les espaces stellaires.

I

De dix heures vingt a dix heures quarante-sept minutes du soir

Quand dix heures sonn�rent, Michel Ardan, Barbicane et Nicholl firent leurs adieux aux nombreux amis qu'ils laissaient sur terre. Les deux chiens, destin�s � acclimater la race canine sur les continents lunaires, �taient d�j� emprisonn�s dans le projectile. Les trois voyageurs s'approch�rent de l'orifice de l'�norme tube de fonte, et une grue volante les descendit jusqu'au chapeau conique du boulet.

L�, une ouverture, m�nag�e � cet effet, leur donna acc�s dans le wagon d'aluminium. Les palans de la grue �tant hal�s � l'ext�rieur, la gueule de la Columbiad fut instantan�ment d�gag�e de ses derniers �chafaudages.

Nicholl, une fois introduit avec ses compagnons dans le projectile, s'occupa d'en fermer l'ouverture au moyen d'une forte plaque maintenue int�rieurement par de puissantes vis de pression. D'autres plaques, solidement adapt�es, recouvraient les verres lenticulaires des hublots. Les voyageurs, herm�tiquement clos dans leur prison de m�tal, �taient plong�s au milieu d'une obscurit� profonde.

�Et maintenant, mes chers compagnons, dit Michel Ardan, faisons comme chez nous. Je suis homme d'int�rieur, moi, et tr�s fort sur l'article m�nage. Il s'agit de tirer le meilleur parti possible de notre nouveau logement et d'y trouver nos aises. Et d'abord, t�chons d'y voir un peu plus clair. Que diable! le gaz n'a pas �t� invent� pour les taupes!�

Ce disant, l'insouciant gar�on fit jaillir la flamme d'une allumette qu'il frotta � la semelle de sa botte; puis, il l'approcha du bec fix� au r�cipient, dans lequel l'hydrog�ne carbon�, emmagasin� � une haute pression, pouvait suffire � l'�clairage et au chauffage du boulet pendant cent quarante-quatre heures, soit six jours et six nuits.

Le gaz s'alluma. Le projectile, ainsi �clair�, apparut comme une chambre confortable, capitonn�e � ses parois, meubl�e de divans circulaires, et dont la vo�te s'arrondissait en forme de d�me.

Les objets qu'elle renfermait, armes, instruments, ustensiles, solidement saisis et maintenus contre les rondeurs du capiton, devaient supporter impun�ment le choc du d�part. Toutes les pr�cautions humainement possibles avaient �t� prises pour mener � bonne fin une si t�m�raire tentative.

Michel Ardan examina tout et se d�clara fort satisfait de son installation.

�C'est une prison, dit-il, mais une prison qui voyage, et avec le droit de mettre le nez � la fen�tre, je ferais bien un bail de cent ans! Tu souris Barbicane? As-tu donc une arri�re-pens�e? Te dis-tu que cette prison pourrait �tre notre tombeau? Tombeau, soit, mais je ne le changerais pas pour celui de Mahomet qui flotte dans l'espace et ne marche pas!�

Pendant que Michel Ardan parlait ainsi, Barbicane et Nicholl faisaient leurs derniers pr�paratifs.

Le chronom�tre de Nicholl marquait dix heures vingt minutes du soir lorsque les trois voyageurs se furent d�finitivement mur�s dans leur boulet. Ce chronom�tre �tait r�gl� � un dixi�me de seconde pr�s sur celui de l'ing�nieur Murchison. Barbicane le consulta.

�Mes amis, dit-il, il est dix heures vingt. A dix heures quarante-sept, Murchison lancera l'�tincelle �lectrique sur le fil qui communique avec la charge de la Columbiad. A ce moment pr�cis, nous quitterons notre sph�ro�de. Nous avons donc encore vingt-sept minutes � rester sur la terre.

—Vingt-six minutes et treize

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