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Book online «Le Vingtième Siècle: La Vie Électrique, Albert Robida [books to read for 13 year olds .TXT] 📗». Author Albert Robida



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arriv�es d'a�rocabs de haute allure, aux �l�gantes proportions, amenant des invit�s de tous les points de l'horizon, de v�hicules a�riens des formes les plus nouvelles... Dans la foule, le service d'ordre �tait admirablement fait par des gardes civiques � h�licopt�res, circulant constamment autour des d�barcad�res, maintenant � distance les a�ronefs non munies de cartes.

M. le duc de B�thanie.

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Le flot des notabilit�s de tous les mondes, en uniformes divers ou rev�tues de l'habit, des dames en superbes toilettes endiamant�es, se r�pandit du d�barcad�re a�rien dans les salons par les �l�gants praticables, rempla�ant les ascenseurs pour ce jour-l�.

Il nous suffit de jeter indiscr�tement les yeux sur le carnet d'une reporteuse du grand journal t�l�phonique l'Epoque, que nous rencontrons d�s l'entr�e, pour avoir les noms des principaux personnages que nous aurons l'honneur de croiser dans les salons de M. Philox Lorris.

D�j� sont arriv�s, entre autres illustrations:

Mme Ponto, la cheffesse du grand parti f�minin, actuellement d�put�e du XXXIIIe arrondissement de Paris.

M. Ponto, le banquier milliardaire, organisateur de tant de colossales entreprises, comme le grand Tube transatlantique franco-am�ricain et le Parc europ�en d'Italie.

M. Philippe Ponto, l'illustre constructeur du sixi�me continent, en ce moment � Paris pour des achats consid�rables de fers et fontes devant renforcer l'ossature des immenses territoires cr��s en soudant l'un � l'autre, � travers les bras de mer dess�ch�s, les archipels polyn�siens.

M. Ars�ne des Marettes, d�put� du XXXIXe arrondissement, l'homme d'�tat, le grand orateur qui tient entre ses mains les ficelles de toutes les combinaisons minist�rielles.

L'INVASION ASIATIQUE—CONCENTRATION DES 18 ARM�ES TARTARES EN DANUBIE SOUS LES ORDRES DU MANDARIN ING�NIEUR EN CHEF

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Le vieux feld-mar�chal Zagovicz, ex-g�n�ralissime des forces europ�ennes qui repouss�rent, en 1941, la grande invasion chinoise et an�antirent, apr�s dix-huit mois de combats dans les grandes plaines de Bessarabie et de Roumanie, les deux arm�es de sept cent mille C�lestes chacune, pourvues d'un mat�riel de guerre bien sup�rieur � ce que nous poss�dions alors et conduites � la conqu�te de la pauvre Europe par des mandarins asiatiques et am�ricains.

LE G�N�RAL ZAGOVICZ, L'ILLUSTRE VAINQUEUR DE LA GRANDE INVASION CHINOISE.

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Ce vieux d�bris des guerres d'autrefois est encore admirablement conserv� malgr� ses quatre-vingt-cinq ans et domine de sa haute taille, toujours droite, les gr�les figures de nos ing�nieurs g�n�raux, toujours pench�s sur les livres.

Le c�l�brissime Albertus Palla, photo-picto-m�canicien, membre de l'Institut, l'immense artiste qui obtint au dernier Salon un si grand succ�s avec son tableau anim� la Mort de C�sar, o� l'on voit les personnages se mouvoir et les poignards se lever et s'abaisser, pendant que les yeux des meurtriers roulent avec une expression de f�rocit� qui semble le dernier mot de la v�rit� dans l'art.

M. JACQUES LOIZEL.

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Son Excellence M. Arthur L�vy, duc de B�thanie, ambassadeur de Sa Majest� Alphonse V, roi de J�rusalem, qui a quitt� tout simplement son splendide chalet de Beyrouth, malgr� les attractions de cette ravissante ville de bains en cette semaine des r�gates a�riennes.

M. Ludovic Bonnard-Pacha, ancien syndic de la faillite de la Porte ottomane, directeur g�n�ral de la Soci�t� des casinos du Bosphore.

Quelques-uns des huit cents fauteuils de l'Acad�mie fran�aise, c'est-�-dire les plus illustres parmi les illustres de nos acad�miciens et acad�miciennes.

Le journaliste le plus consid�rable, celui dont les rois et les pr�sidents sollicitent la protection ou la bienveillance en montant sur le tr�ne, le r�dacteur en chef de l'Epoque, M. Hector Piquefol, qui vient de se battre en duel avec l'archiduc h�ritier de Danubie, � cause de certains articles o� il le morig�nait vertement sur sa conduite,—et qui traite en ce moment avec le conseil des ministres r�calcitrant du royaume de Bulgarie, pour le mariage du jeune prince royal.

L'honorable Mlle Coupard, de la Sarthe, s�natrice.

L'�minente Mlle la doctoresse Bardoz.

Un groupe nombreux d'anciens pr�sidents de r�publiques sud-am�ricaines et des �les, retir�s apr�s fortune faite, parmi lesquels Son Excellence le g�n�ral M�n�las, qui abdiqua le fauteuil d'une r�publique des Antilles apr�s avoir r�alis� tous les fonds d'un emprunt d'�tat �mis en Europe. Le bon g�n�ral, dans la haute estime qu'il professe pour notre pays, n'a pas voulu manger ses revenus ailleurs qu'� Paris.

Quelques monarques de diff�rentes provenances, en retraite volontaire ou forc�e.

Quelques milliardaires internationaux: MM. J�roboam Dupont, de Chicago; Antoine Gobson, de Melbourne; C�lestin Caillod, de Gen�ve, le richissime propri�taire de quelques principaut�s g�r�es encore par des rois et princes devenus simplement ses employ�s et appoint�s suivant leur rang et l'illustration de leur famille, etc., etc.

M. Jacques Loizel, un des repr�sentants de la nouvelle f�odalit� financi�re et industrielle, l'aventureux business-man qui, apr�s avoir eu, en quelques affaires mont�es avec la fougue de sa jeunesse, 800,000 actionnaires ruin�s sous lui,—mais lui avec,—fit preuve, lors de son retour aux grandes affaires,—apr�s qu'il eut purg� en un voyage � l'�tranger quelques petites condamnations, et laiss� refroidir son ardeur trop imprudente,—d'un si lumineux g�nie pour l'organisation et le maniement des syndicats sur les mati�res premi�res, qu'il r�cup�ra pour lui seul en quelques ann�es les millions perdus dans les sp�culations trop audacieusement mal con�ues de sa premi�re jeunesse.

Le grand socialiste �variste Fagard, le Jean de Leyde de Roubaix lors du grand essai de socialisme de 1922, revenu � de plus saines id�es apr�s fortune faite dans le grand bouleversement, et qui vit aujourd'hui de ses modestes petites rentes, en sage un peu d�sillusionn�, abritant sa philosophie dans un charmant petit castel du Calvados, o�, comme un patriarche respect�, il vit entour� de sa nombreuse famille et de ses nombreux fermiers ou ing�nieurs agricoles, regardant avec un sourire bienveillant, mais l�g�rement ironique, se d�rouler l'�ternel d�fil� des erreurs humaines.

L'ESSAI DE SOCIALISME DE 1922.

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Quelques d�bris de l'ancienne noblesse, personnages insignifiants, mais que M. Philox Lorris tient � traiter avec bienveillance et qu'il honore assez souvent d'invitations � ses r�ceptions ou d�ners, en raison des souvenirs qu'ils repr�sentent et bien qu'ils n'occupent point des situations tr�s �lev�es dans le monde nouveau, o� ils ne sont g�n�ralement que tr�s minces employ�s de minist�res ou tr�s subalternes ing�nieurs sans grand avenir.

M. Jean Guilledaine, savant de premier ordre, ing�nieur m�dical de la maison Philox Lorris, principal collaborateur de M. Philox Lorris dans ses recherches de bact�riologie et microbiologie, dans la d�couverte, parmi tous les repr�sentants de l'innombrable famille de bacilles, vibrions et bact�ries, du microbe de la sant�, et dans les �tudes relatives � sa propagation par bouillon de culture et inoculations.

La foule des invit�s s'�tait r�pandue dans les diff�rents salons de l'h�tel et jusque dans les halls o� l'on avait � examiner quelques-unes des r�centes inventions de la maison. Pour offrir quelques menues distractions � ses invit�s avant le commencement de la partie musicale, M. Philox Lorris faisait passer dans le T�l� du grand hall des clich�s t�l�phonoscopiques, pris jadis, des �v�nements importants arriv�s depuis le perfectionnement des appareils; ces sc�nes historiques, catastrophes, orateurs � la tribune aux grandes s�ances, �pisodes de r�volutions ou sc�nes de batailles, int�ress�rent vivement; puis, les salons �tant pleins, la partie musicale commen�a.

QUELQUES REPR�SENTANTS DE L'ANCIENNE NOBLESSE.

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Plus de musiciens, plus d'orchestre dans les salons de notre temps pour les concerts ou pour les bals: �conomie de place, �conomie d'argent. Avec un abonnement � l'une des diverses compagnies musicales qui ont actuellement la vogue, on re�oit par les fils sa provision musicale, soit en vieux airs des ma�tres d'autrefois, en grands morceaux d'op�ras anciens et modernes, soit en musique de danse, en valses et quadrilles des M�tra, Strauss et Waldteufel de jadis ou des ma�tres d'aujourd'hui.

PLUS D'ORCHESTRE.

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Les appareils rempla�ant l'orchestre et amenant la musique � domicile sont tr�s simples et parfaitement construits; ils peuvent se r�gler, c'est-�-dire que l'on peut mod�rer leur intensit� ou les mettre � grande marche, suivant que l'on aime la musique vague et lointaine, celle qui fait r�ver quand on a le temps de r�ver, ou le vacarme musical qui vous �tourdit assez douloureusement d'abord, mais vous vide violemment la t�te, en un clin d'œil, de toutes les pr�occupations de notre existence affair�e.

Par exemple, il faut, autant que possible, avoir soin de placer l'appareil hors de port�e, pour ne pas permettre � quelque invit� distrait de mettre, ainsi qu'il arrive quelquefois, le doigt sur l'appareil au cran maximum, au moment inopportun, ce qui produit, au milieu des conversations du salon, une secousse d�sagr�able.

On abuse un peu de la musique; quelques passionn�s font jouer leurs phonographes musicaux pendant les repas, moment consacr� g�n�ralement � l'audition des journaux t�l�phoniques, et des raffin�s vont m�me jusqu'� se faire bercer la nuit par la musique, le phonographe de la compagnie mis au cran de sourdine.

Cette consommation effr�n�e n'a rien de surprenant. Apr�s tout, � quelques exceptions pr�s, les gens �nerv�s de notre �poque sont beaucoup plus sensibles � la musique que leurs p�res aux nerfs plus calmes, gens sains, assez d�daigneux des vains bruits, et ils vibrent aujourd'hui, � la moindre note, comme les grenouilles de Galvani sous la pile �lectrique.

M. Philox Lorris ne se serait pas content� du concert envoy� t�l�phoniquement par les compagnies musicales; il offrit � ses abonn�s l'ouverture d'un c�l�bre op�ra allemand de 1938, clich� pour T�l� � la premi�re repr�sentation, avec le ma�tre—mort couvert de gloire en 1950—conduisant l'orchestre. Pendant cette ex�cution par T�l� de l'œuvre du petit-fils de Richard Wagner, Estelle Lacombe, qui s'�tait assise dans un coin, � c�t� de Georges, lui pressa soudain le bras.

�Ah, mon Dieu! dit-elle, �coutez donc?

—Quoi? fit Georges, cette alg�brique et herm�tique musique?

—Vous ne vous apercevez pas?

—Il faut l'avoir entendue trente-cinq fois au moins pour commencer � comprendre...

—Je l'ai entendue hier, moi, j'ai essay� le clich� pour voir...

LE MUSICOPHONE DE CHEVET.

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—Gourmande!

—Eh bien! aujourd'hui, c'est tr�s diff�rent... Il y a quelque chose... cette musique grince, les notes ont l'air de s'accrocher... Je vous assure que ce n'est pas comme hier!

—Qu'est-ce que �a fait? on ne s'en aper�oit pas; moi-m�me, je croyais que c'�tait une des beaut�s de la partition; �coutez, pour ne pas applaudir tout haut, on se p�me.

—N'importe, je suis inqui�te... M. Sulfatin avait les clich�s; qu'en a-t-il pu faire? Il est si distrait depuis quelques jours... Je vais � sa recherche!�

CHEZ L'�DITEUR DE MUSIQUE.

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Lorsque les derni�res notes de l'ouverture de l'op�ra c�l�bre se furent �teintes sous un formidable roulement d'applaudissements, l'ing�nieur, charg� de la partie musicale fit passer au T�l� un air de Faust, par une cantatrice c�l�bre de l'Op�ra fran�ais de Yokohama. La cantatrice elle-m�me apparut dans le t�l�phonoscope, saisie par le clich�, il y a quelque dix ans, � l'�poque de ses grands succ�s, un peu minaudi�re peut-�tre en d�taillant ses premi�res notes, mais fort jolie.

ADDUCTION ET DISTRIBUTION DU FEU CENTRAL.—TRANSFORMATION DE L'AGRICULTURE, EMPLOIS INDUSTRIELS ET DE M�NAGE

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Apr�s quelques notes �cout�es dans un silence �tonn�, un murmure s'�leva soudain et couvrit sa voix: la cantatrice �tait horriblement enrou�e, le morceau se d�roulait avec une succession de couacs plus atroces les uns que les autres; au lieu de la remarquable artiste � l'organe d�licieux, c'�tait un rhume de cerveau qui chantait! Et dans le T�l�, elle souriait toujours, �panouie et triomphante comme jadis!

LES PHONOGRAMMES ENRHUM�S.

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Vite, l'ing�nieur, sur un signe de Philox Lorris, coupa le morceau de Faust et fit passer dans le T�l� le grand air de Lucia par Mme Adelina Patti. Rien qu'� la vue du rossignol italien du 19e si�cle, les murmures s'arr�t�rent et, pendant cinq minutes, les dilettanti en p�moison modul�rent des bravi et des brava en se renversant au fond de leurs fauteuils, dans une d�lectation anticip�e. Drinn! drinn! La Patti lance les premi�res notes de son morceau... Un mouvement se produit, on se regarde sans rien dire encore... Le morceau continue... Plus de doute: ainsi que la premi�re cantatrice, la Patti est abominablement enrhum�e, les notes s'arr�tent dans sa gorge ou sortent alt�r�es par un lamentable enrouement... Ce n'est pas un simple chat que le rossignol a dans la gorge, c'est toute une bande de matous vocalisant ou miaoulisant sur tous les tons possibles! Quelle stupeur! Les invit�s effar�s se regardent, on chuchote, on rit tout bas, pendant que, sur la plaque du T�l�, Lucia, souriante et gracieuse, continue imperturbablement sa cantil�ne enchifren�e!

Philox Lorris, pr�occup� de sa grande affaire, ne s'aper�ut pas tout de suite de l'accident; quand il comprit, aux murmures de l'assembl�e, que le concert ne marchait pas, il fit passer au troisi�me num�ro du programme. C'�tait le chanteur Faure, du

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